Dorian Zheng Champion de France Cadet

Dorian Zheng est devenu champion de France cadet ce dimanche matin à Joué-lès-Tours. Le Caennais de 15 ans a brillé en Touraine, écartant un à un ses adversaires sans rencontrer la moindre difficulté réelle. La petite pépite du Caen TTC réalise un premier semestre de très haut niveau après quelques années plus compliquées.

Voilà des années que son nom est sur toutes les lèvres du ping français. À 10 ans, Dorian Zheng était déjà associé aux espoirs les plus grands. Le surdoué, qui survolait sa catégorie d’âge, avait de qui tenir avec deux parents champions de tennis de table. La maman, Yuan Zheng, avait été numéro 10 mondiale. Le papa, Gu Yunfeng, était le premier chinois à avoir fait carrière en France deux décennies plus tôt. Cinq ans plus tard, et après avoir emprunté quelques chemins de traverse, Dorian Zheng est de nouveau la terreur de sa classe d’âge. Dimanche 28 mai, il a atomisé la concurrence dans un championnat de France qui, pourtant, ne lui avait pas réussi depuis des années. Champion de France benjamin quatre ans plus tôt, il restait depuis sur plusieurs échecs difficiles à encaisser. Cette fois, le favori de l’épreuve n’a pas flanché. « Quand il y a de l’enjeu, j’ai tendance à stresser et j’ai du mal à bien jouer, dit-il. Il y avait de la pression, mais j’ai bien géré ma compétition. J’ai démontré un très bon niveau de jeu. » Le seul set perdu tout au long de la compétition, entamée en 16ème de finale, le confirme aisément. « J’ai gagné mes matchs assez facilement, reconnaît le collégien. Je suis resté régulier et bien concentré. » Son coach à Joué-lès-Tours, Jimmy Devaux, n’en doute pas : « il a vraiment écrasé la concurrence ».

Ce titre n’est pas seulement une jolie récompense pour Dorian Zheng, c’est aussi le parfait dénouement d’une saison de très haut vol. « Je suis un peu au meilleur de moi-même actuellement. C’est parti d’un open international fin 2016 en Finlande, contre des adultes. J’ai très bien joué, et il y a eu un petit déclic. Cela m’a donné confiance. » Ce déclic, c’est peut-être ce dont avait le plus besoin Dorian Zheng. Depuis bien longtemps, on le disait certes brillant, mais aussi fragile mentalement. « J’avais peur de perdre », dit-il. Depuis, l’envie de gagner a pris le pas sur la crainte. Les résultats sont là pour en attester. Pour sa première demi-saison en Nationale 1, dans une poule particulièrement relevée, Dorian Zheng s’en est sorti avec 65 % de victoires. « J’ai été performant, se félicite-t-il. Malheureusement, nous sommes descendus de peu. » Le collégien ne fera pourtant pas de vieux os en Nationale 2. La saison prochaine, si la relégation de l’équipe première en Pro B se confirme, il intègrera ses rangs. Un grand saut pour lequel il se « sent prêt ». Une étape majeure dans la continuité de ce brillant premier semestre. « Cette année 2017 est un tournant. Il y a un an ou deux, je n’étais pas très bien, j’avais connu de nombreuses déceptions en championnat de France et par équipe. C’était moyen. Je me posais des questions. Depuis quelques mois, c’est très bien. »

L’Insep à la rentrée

Le Dorian Zheng nouveau est arrivé, celui qui n’est plus animé par « la peur de décevoir » et qui estime avoir « un peu éclos » au contact de ses camarades de club bien plus âgés que lui. À 15 ans, Dorian Zheng n’est, par la force des choses, pas un adolescent comme les autres. « Je suis tout le temps soit dans un internat, soit dans une salle de tennis de table. » Au Pôle Espoir de Nantes, il alterne avec les cours – un peu – et les entraînements – beaucoup. « J’ai cours de 8h00 à 10h00, puis je m’entraîne jusqu’à 12h30. Après une petite sieste en début d’après-midi, je retourne m’entraîner. » Le rythme sera encore différent à la rentrée de septembre. Dorian Zheng intègrera l’Insep, où il retrouvera notamment Romain Lorentz. Sa candidature, accompagnée d’une lettre de motivation, a reçu l’assentiment du prestigieux institut.

Mais avant de donner un virage à sa toute jeune carrière, Dorian Zheng a quelques rendez-vous qui l’attendent. Le principal d’entre eux est le championnat d’Europe au Portugal. Le Caennais y visera un podium. « La concurrence est très forte dans ma catégorie », précise-t-il. C’est néanmoins un passage obligé, en cette dernière année chez les cadets, vers les ambitions bien plus grandes qu’il nourrit. Il y a cinq ans, Yuan Zheng nous confiait que son fils rêvait d’être champion du monde. Aujourd’hui, le rêve est toujours dans un coin de la tête. Dorian Zheng est « persuadé » qu’il peut l’accomplir. Mais le step by step, à seulement 15 ans, est bien sûr de rigueur. « L’entrée à l’Insep, où il va être un peu plus livré à lui-même, sera un moment charnière pour Dorian, prédit Jimmy Devaux. Il y a un potentiel. Après, physiquement, je sens qu’il a un peu mal aux genoux, du coup le déplacement est un peu plus dur. Il utilise davantage son revers alors que son coup droit est son point fort. » Les feux semblent toutefois au vert pour le jeune homme au gabarit longiligne. Reste à confirmer les progrès, désormais.